samedi 13 novembre 2010

Quand même plus de plaisir que de gras...

Vendredi, 17h00, il fait déjà noir. J'ai la déprime de l'automne qui me terrasse l'énergie au plus profond de moi-même. Un mélange de fatigue et de confusion. Heureusement, ce soir, j'ai une petite soirée fondue avec mes deux français. Pas dans le sens qu'ils m'appartiennent, juste dans le sens de je peux les compter, parce qu'ils sont français. Anyway...

Alexis, impatient de nous faire découvrir quelques délices de son petit coin de pays, a commencé à faire les emplètes au courant de l'après-midi alors que Stéphane et moi travaillions comme deux esclaves sur un dossier de caca. Caca dans le sens de crote. Litéralement. Rien pour guérir nos esprits fatigués et confus. Heureusement, l'heure de l'apéro sonne le glas alors que les dernières lueures du jour s'estompent rapidement à l'horizon. Nous pourrons enfin renouer nos esprits avec une certaine joie de vivre. C'est toujours plus facile lorsque quelques kilos de fromage nous titillent l'imagination. Mais c'est surtout facile en compagnie de mes 2 français.

On ferme les portables, on éteint les tours, les lumières, puis on se met en route pour compléter nos emplêtes. Il nous manque un fromage, de l'ail, de la bière et bien du vin. Surtout, un blanc mousseux pour la recette d'Alexis.

Une demi heure plus tard, nous voilà chez Stéphane où Marie-Ève nous acueille de son sourire radieux et de ses joues chaudes contre mon visage impreigné de cette douce fraîcheur de novembre.

Puis Chantale nous rejoindra quelques minutes plus tard, dans toute sa splendeur, nous laissant à peine le temps de boire une première bouteille. Et peut-être quelques bières.

L'esprit est à la fête. Les filles placotent comme si on n'existait plus. Les français admirent leurs doux produits se rassasiant de l'efluve éfronté de mollecules biens agencées. Les fromages sont au bucher alors qu'ils finiront bientôt leur lente maturation le cul dans le Creuset. Moi, je renoue avec la vie. Ma femme, mes amis et du fromage. Déjà la confusion fait place à de toutes nouvelles émotions.

Impatient de goûter à ces doux plaisirs, je questionne Alexis et Stéphane sur les fromages.

Moi: "C'est quoi les fromages ?"

Alex: "Alors premier fromage, Comté du Jura. Plus jaune, deux ans de vieilissement, souvent c'est..."

Steph, en arrière plan, pour supporter Alexis: "Du réserve, du vieux qu'on dit..."

Alex, se questionnnat soudainement: "Chais pas si c'est du lait d'Alpage ou du lait..." sans terminer sa phrase.

Steph: "Pff, ça doit."

Alex: "Ça doit."

...

Alex: "Deuxième fromage: Gruyère de Grotte. Suisse, même genre, assez vieux, lait cru, tu vois le sel ..."

Steph: "Plus blanc comme tu peux le voir aussi..."

Alex: "Contraste saisissant j'espère, quoique..."

...

Alex: "Puis, Vacherin Fribourgeois, du canton de Fribourg. Ça vieille affaire aussi, au lait cru, pâte pressée non cuite, sent ! "

Moi, après avoir aspiré longuement: "Tabarrr..."

Steph (rire)

Alex: "Il fait beaucoup plus crémeux et puis plus un peu liant dans ton... dans ta fondue. Faut surtout pas mettre d'émental comme ils disent dans toutes les recettes."

Steph: "Jamais !"

Alex: "Pis la un peu de fantaisie quoi (rire)... un tit cheddar 5 ans... (rire)"

C'est drôle comme parfois, mes 2 français s'esclafent devant ce qui pour nous, est quelque chose de rafiné alors que pour eux, c'est de l'approvisionnement de bas niveau. Tellement simple que c'en est drôle...

Moi: "Pourquoi faut pas mettre d'émenthal ? "

Alex: "Parce que ça fond très mal."

Steph: "Ça goûte rien."

Alex: "Ça goûte rien."

Steph: "Premièrement."

Alex: "C'est ça."

Steph: "C'est comme si tu mettais de la fécule de mais... pour lier ta sauce qui n'est pas assé épaissi, tsé."

Alex: "C'est ça. Un artifice... pis ça fond mal en plus de ça. Ça fait vite un peu le chewin-gum."

Stépahne: "Plein de grummeaux."

Alex: "Des gros bouts de fromton qui fondent pas au millieu. Des grumeaux de gruyère, d'émental pour le coup. Donc euh voilà. Nous allons mettre du vin blanc mousseux."

Steph: "En fait, il va faire massérer son fromage dans le vin qui va servir à préparer la fondue."

Alex en chuchotant: "Tout à fait."

Moi: "Sérieux ?"

Alex: "Ouais, on va le rapper, on va le mettre dans le caquelon, on va mettre la quantité de blanc nécessaire, on va laisser un peu faire cuire tout ça, pis après on va faire chauffer tranquilement, délier, un tit peu de muscade, un peu de poivre, un tit peu de trompette de mort, pis après on se régale, ça va être du bonheur..."

Steph, tout souriant: "T'avais jamais mangé ça Charlu?"

Moi: "Oui... de la Swiss Knight..."

Steph, en levant la main comme s'il allait me décapiter d'un coup de cinquième métacarpe, en prenant soin de bien accentuer chaque mot: "Je Vais Te Later !!!"

Rire général.

3 commentaires:

  1. Super de lire ça! :)
    Ça faisait un p'tit bout que j'attendais une nouvelle histoire! ;)
    Joanie xx

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  2. Sérieux, je lisais les dialogues et j'avais les voix en tête tellement tu as bien transposé leur dialecte à nos chers français. :)

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  3. Très bonne transcription !
    On verra si la suite est aussi cohérente, l'ami vin rouge ayant fait son œuvre !

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